Produire des données de prix et de loyers à l'heure de la PropTech : quel rôle pour l'Etat ?
Mon Working Paper pour la Chaire Villes et Numériques de Sciences Po
Produire des données de prix et de loyers à l'heure de la PropTech : quel rôle pour l'Etat?
Les données fines de prix et de loyers constituent le socle de la connaissance du marché du logement. Si leurs conditions de production ont évolué avec le numérique, elles continuent inexorablement de dépendre de la capacité à enregistrer et à exploiter les transactions et les mutations réalisées par les particuliers. Leurs producteurs forment un écosystème plutôt stable dans ses composantes et attaché aux méthodes de la quantification traditionnelle. L’Etat y joue un rôle central. Producteur le plus légitime même lorsqu’il est contesté, il a récemment étendu son influence en investissant le champ de la connaissance d’un nombre croissance de segments de marché. Son rôle n’est pas moins important auprès des start-ups de la PropTech. Celles-là forment un espace distinct de production mais elles essaiment au-delà de leur périmètre. Avec elles en particulier, la valeur glisse de la donnée vers les services proposés pour la consulter. Ce déplacement conduit tous les acteurs à adopter de nouvelles démarches de valorisation et à développer de nouveaux outils de consultation. Il pose une question fondamentale à l’heure de l’open data : les données ouvertes peuvent-elles profiter à ceux qui les utilisent et pas à ceux qui les produisent ?
C’est le cas aujourd’hui aux Etats-Unis, où la donnée publique (et gratuite), faute de dépôt central, devient privée (et payante) car agrégée et valorisée par des opérateurs privés, à l’instar de Zillow, le leader en la matière. En France, des start-ups immobilières vendent aussi les services d’accès aux données qu’elles agrègent et modélisent, y compris à ceux qui en délivrent en open data. La tendance repose sur un rapport paradoxal à la donnée publique. Elle naît d’une dépendance et aboutit à une forme de privatisation. Elle revient du moins à une captation sans partage de la valeur « privée » créée à partir de l’exploitation de données « publiques ». L’Etat en est là : à favoriser la privatisation des données publiques, tout en renforçant son rôle central, sa force de légitimation et sa puissance transformatrice.
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